Le Jardin éphémère 2019
le 15/03/2019
Le 16e jardin Éphémère est né d’une image dans un catalogue d’exposition, celle de la dernière création verrière d’Emile Gallé, figure emblématique du mouvement artistique de l’École de Nancy. La « main aux algues et aux coquillages » de 1904 est le ferment qui a ensemencé la création végétale et culturelle de la place Stanislas. À découvrir du 28 septembre au 3 novembre, tous les jours de 8h à 22h.
La grande complexité de l’installation du jardin éphémère implique une préparation de plusieurs mois. Octobre 2018. Un collectif de la Direction des Parcs et Jardins de la ville de Nancy débat et échange sur le pavé de la place Stanislas. Imaginer un jardin, c’est toujours partir d’un lieu, en l’occurrence l’agora nancéienne, cette place centrale avec une statue imposante du dernier Duc de Lorraine.
Une bague royale
Penser l'Éphémère, c’est faire avec cette architecture « à la française », avec ses lignes de fuite et ses perspectives. Lorsque l’oeuvre d’Emile Gallé, La « main aux algues et aux coquillages » de 1904 est avancée sur la table d’un thème possible, c’est un jardin qui s’impose comme une évidence.
Vu du ciel, son contour adoptera celui d’une main dépliée, paume ouverte vers le ciel. La statue de Stanislas sera centrée sur le majeur, telle un joyau, une bague royale. Reste alors à positionner chaque phalange, à organiser les différents espaces, les circulations piétonnes. Rien ne doit gêner les flux. Le site historique doit continuer à vivre, y compris lorsque les végétaux le colonisent temporairement. Sur la table à dessin, les croquis se succèdent, crayonnés des possibles. Au fur et à mesure, la thématique s’étoffe. De la « main contour » naissent d’autres envies. L’organe préhensile qui agit, qui saisit, est un symbole puissant. Il est l’outil du créateur, de l’artiste, de l’artisan. Chaque doigt accueillera une matière, fil conducteur d’un choix de plantes et de structures qui dialogueront dans la scénographie finale. Il sera donc question de bois, de métal, de feu, d’eau et de terre. Cette orientation donne naissance à de multiples idées.
C’est ainsi que le jardin se crée, par strates successives, par ajouts et retraits. L’espace disponible, sa dimension imposante, le prestige du lieu sont des contraintes qui nourrissent l’inventivité. Au fil des semaines, le choix des matériaux, la sélection variétale se précise, les prototypes des structures sont réalisés aux serres municipales.
Un travail entièrement réalisé avec les forces internes du service des Parcs et Jardins. Les verreries évoqueront l’eau, des végétaux simuleront la terre, le feu prendra spontanément la couleur de certaines plantes.
L'empreinte se dessine
Le mot « empreinte » surgit brusquement dans les conversations. L’empreinte carbone, l’empreinte environnementale sont des concepts très actuels. Les évoquer dans le jardin-main s’impose.
L’Éphémère est une narration. Il raconte des histoires à ses visiteurs, les entraîne, s’ils sont consentants, à rêver d’une planète respectée, à imaginer un monde meilleur, à agir. L’Éphémère raconte le durable, celui nécessaire à la poursuite de la vie sur terre.
Pour « Empreinte », le chiffre cinq est omniprésent. Les cinq doigts de la main, les cinq éléments de la médecine et les vertus avérées des plantes médicinales dans la pharmacopée.
Le jardin accueille ces végétaux qui soignent, il les met en scène autour d’une ligne, la « ligne de la santé ». Pour se structurer dans l’espace, la création végétale a besoin de repères. Pourquoi ne pas s’amuser autour des lignes de la main chères aux diseuses de bonne aventure et autres cartomanciens ? Cette liberté de dévier, de détourner un sujet, de ne pas se prendre au sérieux, est un atout.
Ainsi conçu, l'Éphémère pourra capter l’attention de divers publics avec ses approches éclectiques et multiformes.
Un jardin coopérant
L’aspect plastique de la création, son ambiance, ne doit pas occulter tout un pan de l’aventure. Une aventure humaine cette fois. Les jardiniers de la ville de Nancy restent les « directeurs artistiques » du jardin. Artistes, artisans et scientifiques l’ont à l’esprit quand ils rejoignent le projet. Cette co-construction est pertinente et apporte du sens au collectif.
Chaque œuvre, chaque apport d’une structure, chaque irruption des nouvelles technologies dans le jardin doit se justifier et répondre à une préoccupation : la mise en valeur de l’élément naturel, du végétal étonnant, révélé au cœur de l’espace urbain.
C’est bien le but affirmé, sans l’arbre qui apporte son ombre et sa respiration au cœur de la canicule, sans la plante qui génère de la biodiversité, la vie ne peut tout simplement pas se développer.
Les cinq doigts du jardin
Pour prendre en main le jardin «Empreinte», se servir de ses pieds est une excellente idée. En déambulant entre les scènes végétales, si les émotions surgissent, les interrogations aussi. La médecine chinoise, les lignes de la main, les plantes médicinales, la matière ou encore Emile Gallé sont de bons guides. Balade impressionniste dans les cinq doigts de la main-jardin.